©ORTF/INA, DR
C’est un magazine d’information qui passe souvent inaperçu dans l’histoire de la télévision. Généralement lorsqu’est évoquée la période de la RTF puis de l’ORTF, on retient souvent voire exclusivement le fameux Cinq colonnes à la une.
Pourtant pendant un an et demi, le troisième œil se voudra être le reflet de sa période de diffusion en reprenant le concept d’une émission fait de reportages mais également d’échanges autour de ces différents sujets proposés. Jacqueline Baudrier dirige depuis 1969 la première unité autonome de l’information de la deuxième chaîne. Première unité autonome car elle est créée sous l’impulsion du premier ministre de l’époque Jacques Chaban-Delmas. Il s’agissait d’amorcer une libéralisation de l’information au sein de l’ORTF. L’information de la deuxième chaîne et celle de la première chaîne se retrouvent ainsi en concurrence avec une équipe et un budget propre. Si un seul étage sépare ces deux rédactions (le cinquième et le sixième étage de l’immeuble rue Cognacq-Jay), cette nouvelle organisation préfigure la compétition de l’après ORTF. Comme un symbole, le ministère de l’information est également supprimé à ce moment-là (mais reviendra par la suite).
C’est dans ce contexte que sont créés sur la deuxième chaine les journaux d’information 24 heures sur la deux. Et c’est également sous la direction de Jacqueline Baudrier qu’est lancé le 20 janvier 1971, un vendredi par mois, le magazine le troisième œil. Elle co-présente cette émission avec le journaliste René Marchand. Le titre de l’émission se réfère à l’œil du journaliste qui doit prendre du recul par rapport à ses enquêtes et face à l’information. Le générique de l’émission est un reflet de son temps en reprenant des œuvres de Victor Vasarely jouant sur les couleurs et les effets d’optique.
Le troisième œil, ce sont plusieurs reportages avec souvent une thématique commune. A la suite de certains de ces reportages, des intervenants extérieurs commentent et questionnent ce qui a été proposé aux téléspectateurs. Parfois même un public est présent pour interagir à l’image du reportage consacré à la cité des 4000 à La Courneuve.
Voir le Troisième Œil aujourd’hui c’est faire face à un miroir du début des années 70. Certains reportages sont assez saisissants par le décalage avec notre époque (l’exemple le plus connu et le plus frappant reste l’intervention de Richard Chanfray qui se déclare alchimiste et immortel). C’est une autre narration mais également un autre état d’esprit (un demi siècle nous sépare). Toutefois, le troisième œil constitue des documents intéressants d’un point de vue l’histoire des magazines de reportage à la télévision mais également pour voir le regard que l’on portait sur les différents sujets contemporains.
L’émission prend fin à l’été 1972 alors qu’un nouveau premier ministre est nommé en France, Pierre Mesmer. Le ministère de l’information est également remis en place et que le premier PDG de l’ORTF est nommé avec Arthur Conte. C’est ainsi que Jacqueline Baudrier est nommée directrice de la régie de la première chaîne. Le nouveau rendez-vous de l’information de la première chaîne est intitulé 24 heures sur la une mais le troisième œil ne suit pas le mouvement et ferme donc ses portes.

