La quête de sens de TF1

A la rentrée de septembre 1996, TF1, par la voix de son vice-président Etienne Mougeotte, lance le concept de « quête de sens ». Un leitmotiv qui se veut à rebours de la ligne éditoriale existante sur la Une depuis sa privatisation en 1987 voire même avant. 
Pendant près de dix ans, TF1 avait consolidé l’héritage d’Hervé Bourges et de son équipe tout en maintenant la Une à des audiences frôlant les sommets (près de 40%) en comparaison de celles d’aujourd’hui. Pendant cette période la première chaîne a mené une ligne éditoriale offensive dans un premier temps face à La Cinq puis face à M6 et surtout Antenne 2 devenue France 2. Asseoir son leadership tout en restant – chaîne privée oblige – une chaîne commerciale qui trouve un public conséquent c’est-à-dire permettant d’obtenir des annonceurs publicitaires investissant à la hauteur de ce qu’est TF1. C’est ainsi que progressivement seront mis à l’antenne des émissions très fédératrices mais également très problématiques en termes d’image. Certaines étant considérées comme racoleuses c’est-à-dire faire de l’audience par sensationnalisme ou bien par des sujets qui aujourd’hui feraient le buzz.  

©TF1/DR

En septembre 1996, TF1 signe avec le CSA le renouvellement de sa concession pour 5 ans à compter de 1997. Par ailleurs, l’année à venir marquera les 10 ans de la privatisation, une étape symbolique mais que la première chaîne souhaite entamer par un virage éditorial restant sur ses fondamentaux. Cette démarche se fera en deux temps. La première étape a donc lieu à la rentrée 1996 avec notamment l’arrivée de Paul Amar et son émission de débat hebdomadaire Le monde de Léa. Le journaliste reste, malgré sa mise à pied de France 2, une figure importante du service public et donc une valeur sûre pour TF1 qui cherche déjà à appuyer sa nouvelle image. 

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La seconde partie de cette quête de sens aura lieu un an plus tard avec la disparition d’émissions emblématiques de TF1 privatisée mais qui, chacune dans leur domaine, avaient cristallisé les reproches de la presse et des critiques. C’est tout le paradoxe de la chaîne : des émissions qui font une très large audience mais qui lui donnent une mauvaise image et donc un risque pour les annonceurs publicitaires (en ce sens c’est un peu l’inverse d’arte). Ainsi, l’émission d’appel à témoins Perdu de vue  avec Jacques Pradel, l’émission jeunesse phare de la télévision le Club Dorothée et le talk show fait de reportages insolites Tout est Possible avec Jean-Marc Morandini ne reviennent pas à l’antenne à la rentrée de septembre 1997. Etienne Mougeotte le souligne dans son autobiographie Pouvoirs, l’animateur Jean-Marc Morandini a ainsi servi de paratonnerre lorsque les critiques les plus virulentes s’abattaient sur la première chaîne. 

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Changement d’époque également au mois de septembre 1997 avec la fin de l’émission dominicale emblématique de la chaîne créée 16 ans plus tôt : 7 sur 7. A la place c’est Michel Field qui donne rendez-vous avec l’émission Public. Si le journaliste était déjà venu sur la Une via Ciel mon Mardi, il a depuis connu une notoriété critique et populaire avec une émission comme le Cercle de Minuit sur France 2. Cette rentrée se place également sous le slogan de « ça va mieux, vous êtes sur TF1 ». Une double lecture ? 
La « quête de sens « semble également se construire autour des fictions françaises dont l’exemple le plus frappant est sans doute l’adaptation du Comte de Monte Cristo d’Alexandre Dumas par Josée Dayan et avec en acteur principal Gérard Depardieu. Diffusé à la rentrée de septembre 1998, le téléfilm en quatre parties fait partie des meilleures audiences de la chaîne. Adapter une œuvre classique avec de grands acteurs populaires et de moyens conséquents, la Une retrouve alors ses ambitions de « Mieux disant culturel » mis en avant au moment de sa privatisation. 
Durant cette même rentrée confirme sa volonté de marquer les esprits en faisant appel à Bruno Masure – ancien journaliste de la chaîne et qui était depuis passé par France 2 – avec une émission de découverte scientifique C’est pour demain. Malgré tout, comme pour Paul Amar, cette expérience sur la Une restera de courte durée.
Cette transformation de TF1 misant sur ses fondamentaux perdure aujourd’hui notamment avec le fameux « partageons des ondes positives ». Au-delà des slogans, la Une a continue d’évoluer en même temps que son public.

Un commentaire

  1. Trois ans et demi après, lorsque Loft Story sera lancé, Patrick Le Lay jurera ses grands dieux qu’ils ne feraient jamais de TV réalité… The rest is history, comme on dit…

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